La rentrée des classesJe n'aime pas trop l'école. Cette année, en plus, je redouble. Ça m'a énervé, parce qu'ils ont fait passer tout le monde, sauf moi. Ils ont dit que j'étais trop lent. Ça se voit qu'ils ne m'ont jamais vu courir ! Je cours aussi vite que le héros du film quand la grosse langue de lave brûlante veut le rattraper pour le carboniser ! Je cours aussi vite que parfois, même mon ombre n’arrive pas à me suivre ! Mais je ne leur ai pas dit. Ils se seraient fichus de mes courses, de mon ombre, de tout ça, je le sais bien. J'ai juste pleuré un peu, en cachette, dans les toilettes (c'est le seul endroit où on peut pleurer à l'école, partout ailleurs, c'est plein d’yeux qui vous guettent). Déjà que je n'avais pas trop de copains, maintenant je n'en ai plus du tout. Bon, c'est encore le début de l'année, ça peut s’arranger – enfin c'est ce que maman m'assure… Elle dit toujours des trucs comme ça, pour me remonter le moral ; je fais semblant de la croire, pour ne pas lui faire de peine, mais j'ai constaté que la vie était souvent plus dur pour les enfants que ce que croient les mamans. Je n'aime pas trop l'école, parce que les autres se moquent de moi. Pourquoi ils se moquent ? Pour des tas de raisons, je crois : parce que souvent je bégaye, parce que je ne comprends pas tout immédiatement, parce que j'ai toujours envie d'être ailleurs qu'en classe, parce que je rêve. Je ne suis pas heureux, à l'école. Mais j'aime bien y aller. Je veux dire le chemin pour y aller. J'y vais toujours tout seul, en liberté. Partout ailleurs, il y a quelqu'un qui me commande : « Fais-ci, fais-ça, pas comme ci, pas comme ça… » C’est tuant !
Dans la rue, je fais ce que je veux. Je décide : je vais sauter cette flaque, et hop, je la saute. Je vais shooter dans ce marron, et je shoote. Personne pour me contrarier ! Dans la rue, je suis le roi ! Ailleurs, c'est une autre paire de manches, comme dit mon papy. Source : Jo Hoestlandt, « Tu peux toujours courir » Nathan Poche 2005 |
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